MONTRÉAL – Dix ans après la naissance du coworking, le phénomène originaire de Californie est aujourd’hui répandu dans le monde entier et il est particulièrement populaire chez les pigistes et les microentreprises qui œuvrent dans le secteur dit de l’économie créative. Une coopérative montréalaise propose de réinventer le modèle en y intégrant un espace public et un espace de coworking pour parents.

Nouveau joueur dans ce mouvement en pleine expansion, la coopérative de solidarité Temps libre vise à « ouvrir des espaces publics intérieurs », explique la cofondatrice et directrice générale de l’organisme Gaëlle Généreux.

Place à l’innovation

Installée aux abords du Champ des possibles, une friche urbaine aux abords de la voie ferrée du Canadien Pacifique dans le Mile-End qui fait l’objet d’un projet de conservation et de mise en valeur depuis 2009, la coopérative vise à rassembler des membres qui s’intéressent au développement des villes et des territoires, à l’écologie urbaine, à la vie collective ainsi qu’à l’innovation sociale.

Temps libre hébergera par exemple le premier espace de travail collaboratif pour parents au Canada qui ouvre ses portes le 21 mars.

Initié par Gabriela de Andrade, entrepreneure indépendante et mère de deux enfants, le projet Boom coworking vise à faciliter la conciliation travail-famille chez les travailleurs autonomes qui comptent pour environ 15 % de la population active du Plateau, soit environ 9 000 personnes.

Le tiers de l’espace de 8500 pieds carrés, établi au 5605 de Gaspé dans le Mile-End à Montréal, sera par ailleurs occupé par un salon-café ouvert au public. L’accès au café sera gratuit et il n’y aura aucune pression à consommer, insiste le photographe Nicolas Martel, un membre de Temps libre qui avait participé à la fondation de la coopérative Paradis à Rimouski, en 2005.

« Ça va vraiment être un lieu de rencontre », insiste Gaëlle Généreux.

La forme coopérative

En raison de l’esprit collaboratif et communautaire qui anime généralement ce type d’espace de travail partagé, les gens qui l’adoptent épousent parfois la forme coopérative. C’est le cas notamment de la coopérative Ecto, l’un des premiers espaces de coworking à s’être établis à Montréal.

Dans le cas de Temps libre, le modèle coopératif doit permettre de couvrir les coûts de location de l’espace par le biais des parts privilégiées déboursées par les membres-utilisateurs pour louer leurs postes de travail. Pour un îlot de six postes, il en coûtera environ 1000 $ par mois, estime la directrice générale.

« On veut vraiment que les gens cohabitent », explique la directrice générale de la coopérative.

Signe qu’il y a un engouement pour le projet, les 80 postes que compte l’espace de travail partagé étaient déjà loués alors même que Temps libre n’ouvrait ses portes que le 29 février.

La coopérative Temps libre, qui est à l’origine un projet d’Espaces temps soutenu en partie par le vice-rectorat à la recherche de l’Université Concordia, compte notamment parmi ses membres fondateurs l’accélérateur et espace de travail collaboratif Esplanade, la coopérative Territoires qui se consacre à la création d’outils numériques dédiés au développement culturel et social des territoires, et l’organisme d’innovation sociale Exeko.

[NDLR : Une autre version de ce texte est parue sur le site du Journal du Plateau de Pamplemousse.ca, un média hyperlocal montréalais auquel collabore notre journaliste et dont il a été question dans un texte de Marine Gaillard sur le pari de proximité des médias hyperlocaux.]