Novembre 2011. Camille vient de transformer un bus scolaire en habitation familiale et part, avec sa compagne Charlotte et leurs deux jeunes enfants, à la rencontre d’organisations communautaires et coopératives aux États-Unis et au Canada. L’objectif: découvrir et filmer des projets à dimension sociale pour partager des idées nouvelles applicables chez nous. Leur projet s’appelle Transition Bus, les voyages se sont étalés sur 3 ans.

Lundi 23 novembre, Villeray en Transition a diffusé via Cinéthique une série de courts-métrages sur le projet Transition Bus. Les cinq films, présentés par Camille, ont montré des initiatives collectives basées sur la solidarité et le développement local.

Circle Acres : un jardin communautaire en Caroline du Nord

Près de la ville de Siler, existe une ferme où vivent en collectivité une quinzaine de jeunes, souvent en marge. La communauté a récupéré des terres pour y faire un grand potager. Tout est partagé: outils, irrigation, graines, habitations. «Le confort est sommaire, le travail est difficile mais on mange de bons aliments, on vit ensemble et ça fonctionne bien», nous apprend Julia, qui vit à Circle Acres. «Ça ne sert à rien de posséder les choses: l’important est juste de pouvoir les utiliser.»

Une école dans l’épicerie Blair à la Nouvelle-Orléans : culture et agriculture

Après l’ouragan Katrina en 2005, un groupe de new-yorkais a transformé les restes d’une épicerie en école alternative pour les enfants du quartier. L’école se base sur l’apprentissage de l’agriculture et du développement durable, et contribue à l’économie alimentaire locale. Au-delà du projet pédagogique et d’une petite contribution monétaire, c’est le sentiment d’accomplissement des adolescents qui est primordial : ils changent la vie des gens en leur offrant une alimentation saine. Ce lieu communautaire est même devenu un deuxième foyer pour certains jeunes, qui peuvent y exprimer librement leurs talents artistiques.

Les amis de Pine Isle : un camping communautaire pour les vacances

En Floride, se trouve un lieu de vacances pas comme les autres : le camping des amis de Pine Isle. L’endroit applique les valeurs fondamentales des organisations communautaires, puisque les campeurs autogèrent leurs loisirs et activités sociales, en privilégiant le bénévolat et la gratuité. Il en ressort une vraie cohésion de groupe et une forte résilience.

Twin Oaks : la communauté égalitaire devenue réalité

Twin Oaks est un écovillage fondé dans les années 60 en Virginie. Les valeurs défendues sont le partage communautaire, la non-violence, l’égalité des membres et l’écologie.

Cent personnes vivent dans les 7 maisons du village. Si les chambres sont individuelles, les parties communes permettent d’économiser l’énergie et d’optimiser l’utilisation des biens. Chacun participe à la prise de décision et travaille 42 heures par semaine: les tâches sont partagées en fonction des souhaits et des besoins. «On a tous nos compétences et nos aptitudes», précise une habitante. Afin de pallier aux dépenses de la communauté et de financer les nouveaux projets, les habitants fabriquent des hamacs et du tofu vendus à l’extérieur. Selon Camille, «quand on vit là-bas, l’idée est d’apprendre des autres».

Arizmendi Association : une coopérative de travailleurs à San Francisco

Dans les années 90, Arizmendi Association a créé un nouveau modèle organisationnel de boulangerie, basé sur des emplois démocratiques: même salaire et même droits, quel que soit le poste, le sexe ou l’ancienneté. Aujourd’hui, la coopérative est composée de 6 boulangeries (coopératives) et d’un service d’activités de support. L’argent des ventes est réinvesti dans les nouveaux projets. Selon les personnes interrogées dans le film, ce fonctionnement donne un sens à leur travail et permet de se sentir libre. Lorsqu’un nouveau projet apparaît, chacun peut donner son opinion: «Je fais aussi partie de la solution», affirme l’un des travailleurs-associés.

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Apparues dans les années 60 puis délaissées, les communautés ont repris du sens et se multiplient dans les pays développés. Elles semblent permettre à tous de s’exprimer et de trouver sa place, avec ses singularités. Selon Camille, le principal enjeu est maintenant de développer la compétence démocratique au sein des communautés, car celle-ci n’est pas toujours innée pour les membres. De son côté, il pense lui aussi à développer un projet coopératif. «Et j’aimerais embarquer des gens de l’extérieur, ceux qui ne connaissent pas le système de communautés et de coopératives, pour leur montrer qu’il existe des alternatives de production et de consommation». C’est en effet le consommateur qui décide ce qu’il achète et où il l’achète. C’est donc peut-être son choix qui oriente les modèles, et qui peut changer la société.