L’économie est florissante grâce à l’essor minier. Le taux de chômage est bas. Des gens de l’extérieur viennent s’installer dans la région et les familles s’agrandissent. L’Abitibi-Témiscamingue fait face à un boom de naissances. Les besoins sont présents, mais pas toujours comblés. Empreinte de Vie a donc vu le jour grâce à cinq mamans et travailleuses autonomes. Le but de cette coopérative : être une ressource  pour les nouveaux parents dans la région.

Passant de sa boutique à ses cours de périnatalité, l’entreprise a une clientèle qui s’étend surtout de 20 à 40 ans. Certains projets de santé communautaire sont réalisés en partenariat avec le Cégep de la région, et ce qui caractérise le plus Empreinte de Vie est son approche concernant l’accueil d’un bébé. « On éveille des consciences. La préparation pour accueillir un enfant, c’est comme celle pour un voyage », illustre Josianne Roy, une des fondatrices d’Empreinte de Vie. Un volet conciliation travail et famille est offert par les cinq travailleuses, qui mettent l’emphase sur l’importance de la proximité d’un jeune enfant avec ses parents. D’ailleurs, la coopérative encourage ses employées à venir travailler avec leur nouveau-né.

« L’idée vient d’un besoin d’avoir un lieu formel de rencontres pour un groupe de mamans », explique Mme Roy. Au début, les cinq travailleuses autonomes voulaient transformer leur projet en organisme à but non lucratif. Il n’existe que 12 centres de ressources en périnatalité au Québec. L’Abitibi-Témiscamingue n’en comptait aucun. Essuyant un refus de financement qui leur aurait permis d’être le premier en région, l’entreprise prit les allures d’une coopérative. « Cela répondait plus à nos valeurs comme groupe », soutient Mme Roy.

« Une coop, c’est très important pour une région parce que ça amène un but collectif, une solidarité, un sentiment d’appartenance et la motivation de lancer d’autres projets », énonce Juan-Luis Klein, le directeur du Centre de recherche sur les innovations sociales (CRISE). En favorisant l’entrepreneuriat local, le système coopératif pousse la création de réseaux tant chez les employeurs que chez les clients. La qualité de vie des gens en est alors augmentée. Ce genre d’initiative tend à garder les jeunes en région, à éviter leur exode dans les grands centres urbains. Pour le directeur général de la Coopérative de développement régional (CDR) Abitibi-Témiscamingue, Mario Tardif, les coopératives permettent une mise en valeur de ce qu’offre le territoire. « Tous les bénéfices restent dans la région parce que c’est fait pour les gens d’ici, par les gens d’ici. » Cela permet un contrôle sur les biens et services, et une réponse aux besoins de la population locale. « Une coop, c’est une réunion volontaire créée pour répondre à un besoin précis vécu par les gens de la place », conclut M. Tardif.

En Abitibi-Témiscamingue, le taux de de fécondité est plus élevé que la moyenne au Québec. Pour assurer  un remplacement naturel des générations, celui-ci devrait se trouver à 2,1 enfant par femmes. Selon l’Observatoire de l’Abitibi-Témiscamingue, ce taux « a été atteint en 2009, mais a perdu un dixième de point en 2010, conséquence de la petite baisse de naissances constatée au cours de l’année ». Avec 500 naissances en 2010 dans la ville de Val-d’Or, la demande pour les services d’Empreinte de Vie est importante. « C’est surtout depuis juin dernier qu’il y a un véritable engouement, déclare Josianne Roy. Les gens savent maintenant que nous existons et arrêtent pour nous poser des questions. »

« Il faut tout un village pour faire grandir un enfant. » Ce dicton bien connu illustre l’importance d’une solidarité et d’un travail en coopération pour prendre soin des petits. Pour Fred Pellerin, l’inverse est aussi vrai : « Il faut des enfants pour faire grandir un village ». Ça prend des petits pour assurer un avenir, une progression des régions.