Quelle place les grands groupes de presse laissent-t-il aux journaux indépendants ? L’information est-elle vraiment transparente lorsqu’il y a convergence ? Malgré l’abondance d’information, sommes-nous si bien informés finalement ?

Les participants du Sommet ont abordé plusieurs enjeux : la qualité du contenu, la diversité des sources d’information, la gestion de l’abondance de l’information, l’importance de savoir ce qu’on lit, le manque de fonds pour l’information locale et régionale.

Que faire pour améliorer l’accès des citoyens à l’information ? La survie de la majorité des journaux dépend en grande partie des revenus de publicité. Les participants s’entendent pour dire que si la proportion des revenus d’annonceurs et d’abonnés sont bien équilibrés, la qualité du contenu risque moins d’en souffrir.

Par conséquent, une taxe spéciale pour les publications à haut pourcentage publicitaire pourrait permettre l’établissement d’un fonds public d’information et financer l’information locale et régionale. « Louable comme idée, mais difficile de la faire passer », pense Bernard Descôteaux, mentor et directeur du journal Le Devoir, qui rappelle qu’au début des années 2000, une initiative semblable avait été lancée pour encourager les médias indépendants, mais celle-ci s’était butée au refus des deux grands empires.

Il existe des lois contre les monopoles dans d’autres secteurs d’activité. Pourquoi n’y a-t-il pas un équivalent dans le cadre des médias afin d’empêcher la concentration de l’information au Québec ? Un projet de loi sur l’indépendance des médias, suggéré par les participants, pourrait représenter une action envisageable. Un média coopératif de style plate-forme web, où le contenu local proviendrait des citoyens, a également été proposé comme innovation. Cette solution présente le danger du « journalisme improvisé ». Feriez-vous confiance à un « mécanicien improvisé » ? La qualité de l’information pourrait être mise en doute dans ce cas.

Le modèle coopératif a déjà été appliqué dans les médias et présente une avenue intéressante de déconcentration des médias. Il existe une dizaine de journaux coopératifs au Québec, qui ont démontré leur viabilité. Pensons à l’hebdo Le Courrier de Portneuf. Dans le même ordre d’idées, au printemps 2010, la Coalition Urgence Rurale du Bas-Saint-Laurent annonçait le projet de fonder une agence de presse régionale coopérative.

Selon Carole Beaulieu, mentor, éditrice et rédactrice en chef de L’Actualité, la diversité des médias est un important facteur d’accès à l’information, et on gagnera tous à l’encourager. Les indépendants ont donc une place à prendre !

NDLR: Article paru dans l’édition spéciale publiée à tirage limité dans le cadre du Sommet Génération d’idées, tenu du 26 au 28 novembre 2010 à Montréal.