Montréal – De nombreux agriculteurs québécois font le choix de produire bio, certains vont plus loin et décident de vendre leurs produits biologiques en circuit court. Éviter les intermédiaires permet d’obtenir un prix juste pour les producteurs et pour les consommateurs. C’est le modèle que développe la Coopérative pour l’agriculture de proximité écologique. Créée en 2013 par 24 producteurs, la CAPÉ regroupe maintenant 75 entreprises agricoles du Québec.

Se rassembler pour mieux avancer, telle pourrait être la devise de cette coopérative de producteurs. Forte de ses 120 membres, la CAPÉ organise des achats en commun de matériels ou d’intrants, propose différents types de mises en marché collectives, anime des conférences et formations, etc. Permettre aux producteurs de se regrouper, c’est leur donner plus de moyens et d’opportunités pour développer leurs activités économiques. Les producteurs de la coopérative sont principalement installés dans les régions autour de Montréal, mais la CAPÉ espère rallier d’autres agriculteurs à cette cause. Ce sont majoritairement des petites fermes maraichères, toutes intéressées à l’idée de mettre leurs efforts en commun.

Les deux projets développés présentement concernent la vente de leurs produits au marché Jean Talon et la distribution de paniers d’hiver sur l’île de Montréal. Ces initiatives visent des marchés qui sont difficilement accessibles pour un agriculteur seul. «Le fait que les producteurs mettent leur production ensemble, ça leur permet d’avoir le volume nécessaire, une production diversifiée, et ce, tout l’hiver», décrit Judith Colombo, gérante du projet des paniers d’hiver de la CAPÉ. Ce sont donc des projets par et pour les producteurs, qui en bout de ligne bénéficient aussi aux consommateurs.

Une coopérative pour un message fort

Au Québec, l’Union des producteurs agricoles est le syndicat qui représente l’ensemble des fermes de la province. Mais comme l’explique Caroline Poirier, porte-parole de la CAPÉ et productrice agricole: «toutes les fermes du Québec n’ont pas les mêmes intérêts, ne vivent pas les mêmes enjeux. Donc, ce ne sont pas nécessairement toutes les fermes du Québec qui se sentent bien représentées par le syndicat.» Il fallait donc donner un poids et une voix à ces fermiers.

C’est ainsi que la CAPÉ a été créée pour faire valoir l’agriculture biologique de proximité au Québec. Les membres fondateurs de la coopérative ont décidé de rassembler les fermes certifiées biologiques, mais également les producteurs intéressés par une transition vers le bio. Il était important pour la CAPÉ d’inclure ces derniers pour les aider à faire leur transition, pour les outiller ou tout simplement pour leur permettre de profiter des expériences des autres membres.

«On a choisi la forme de la coopérative car ça nous donnait l’opportunité de faire une grande gamme d’activités, dont des activités à saveur économique», indique Caroline Poirier. «On ne voulait pas que ce soit un organisme à but non lucratif parce qu’on voulait que les projets qui fonctionnent bien puissent avoir des retombées économiques positives pour nos membres.» Le modèle de la coopérative favorise ainsi les initiatives et semble démontrer que ce type de production est possible au Québec, et même rentable. Judith Colombo pense que «le fait que la CAPÉ existe depuis deux ans donne une légitimité à ce type d’agriculture. Il y a de plus en plus de démonstrations faites par nos membres que ce modèle-là est viable.»

Un des enjeux de la CAPÉ sera de recruter plus de fermes, d’offrir une gamme de produits plus diversifiés, et de cibler les agriculteurs des régions. «Il faudrait plus de producteurs pour avoir une meilleure représentativité de ce type d’agriculture-là», précise Judith Colombo.

Du côté des consommateurs, les «biolocavores» sont au rendez-vous cette année. Pour les paniers d’hiver, sur les 1000 abonnés prévus, la CAPÉ compte déjà plus de 800 inscrits alors que la distribution n’a pas encore commencé.