« Nous proposons de créer une plateforme collaborative québécoise qui mettrait en relation les organisations recherchant des bénévoles avec des personnes disponibles pour des missions.» C’est l’un des projets qui a émergé le 11 février à l’issue de la journée pour plus d’impact social, organisée par le Chantier de l’économie sociale  à Montréal, en partenariat avec LLIO (living lab en innovation ouverte du Cégep de Rivière-du-Loup).

Le 11 février, le Chantier de l’économie sociale a donné la parole à des acteurs de l’économie sociale, du secteur privé, des étudiants et des citoyens pour travailler sur des solutions créatives et concrètes permettant de maximiser les impacts sociaux au Québec. Patrick Duguay, le Président de la corporation, a ouvert la journée en affichant l’objectif d’explorer de «nouvelles façons de faire en mettant à contribution l’intelligence collective».

Une centaine de personnes ont répondu «présent», de tous âges et horizons professionnels, venant de Montréal et des régions. «Regrouper des acteurs de différents réseaux et cultures permet d’aborder les enjeux avec plusieurs angles et de trouver des solutions innovantes pour avoir plus d’impact social», selon Rym Lamrani, chargée de projets au Chantier de l’économie sociale.

Une préparation minutieuse nécessitant l’implication de tous.

Afin de préparer la journée, des questionnaires ont préalablement été envoyés à tous les inscrits. 94 répondants ont donné leur avis sur la maximisation de l’impact social, sur ses freins et sur les conditions préalables pour la réussite de tels projets. Grâce aux données récoltées et à de nombreuses discussions, l’équipe de LLIO a créé un jeu sur-mesure, MaxIS, qui a servi de base pour la génération d’idées. Rym Lamrani précise: «Nous constatons une volonté grandissante de se réunir, de partager des enjeux et de participer activement à la recherche de solutions collectives

Living lab et innovation ouverte

Les Living Labs abandonnent le concept traditionnel de test de recherche en laboratoire au profit de tests réalisés auprès d’usagers réels ou potentiels. Ils utilisent les techniques d’innovation ouverte pour favoriser le partage des idées et l’implication du groupe dans les décisions finales.

Initialement utilisée pour favoriser l’innovation technologique, cette approche s’applique désormais à l’innovation sociale et au milieu associatif et collectif. Rien d’étonnant puisque, fondée sur le partage et la coopération, l’innovation ouverte est elle-même créatrice de valeur sociale: les individus collaborent, tissent un lien entre eux, vivent de nouvelles expériences ensemble et font émerger de nouvelles expertises grâce à la somme de leurs apports.

«L’innovation ouverte utilise les leviers de l’intelligence collective pour aller plus loin que le brainstorming dans l’émergence des idées», affirme David Guimont, facilitateur et chercheur à LLIO. Les facteurs de réussite sont, selon lui, le grand nombre de personnes présentes, les temps courts de réflexion et le côté ludique de l’expérience, comme avec le jeu MaxIS. Monsieur Guimont précise: «Ajouter des contraintes, telles que des missions spéciales ou des freins à contourner dans certaines phases du jeu, stimule la génération d’idées».

Il existe aujourd’hui environ 400 living labs tels que LLIO dans le monde.

Quel intérêt pour les participants à l’expérience ?

Steeven Pedneault est chargé du projet Trajectoire à Présâges, qui accompagne gratuitement les organismes communautaires dans le soutien aux aînés. Il réfléchit au quotidien à la problématique du vieillissement de la population et décide d’y faire face grâce à l’innovation sociale. «Venir aujourd’hui, dit-il, m’a permis de faire de belles rencontres, de me nourrir de nouvelles techniques et de comprendre comment je peux mieux faire avancer mes projets en travaillant avec les autres. À la fin de cette journée, j’ai un sentiment de confiance et de meilleure expertise. On est passé à l’action. »

De son côté, David Guimont considère que l’expérience est réussie lorsque les participants «finissent la journée avec au moins une idée qu’ils n’avaient pas en arrivant».

Quelle utilité pour le mouvement de l’économie sociale ?

11 prototypes de projets maximisant l’impact social pourraient apparaître aux 4 coins du Québec dans les prochains mois, portés par des groupes de personnes qui ne se connaissaient pas quelques heures plus tôt: coopérative de crédit social, économie circulaire, épargne sociale, démocratisation des living labs, financement des organisations économiques et sociales, indicateur de pratiques sociales en entreprise, plateformes collaboratives, etc.

Rym Lamrani conclut : «Il y a eu un bouillonnement d’idées aujourd’hui. La plupart de ces idées visent à mettre en commun les expertises de différents milieux et à développer plus de partenariats et de liens entre les acteurs. On va donc travailler fort dans les jours à venir pour s’assurer que tout le travail fait aujourd’hui se poursuive et que les liens se consolident ou se créent.» Ceux qui le souhaitent pourraient donc devenir porteurs de projets et s’engager à les mettre en place.

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Par: Marine Gaillard