En 1989, l’organisme Vu, centre de production et diffusion de la photographie, organise un événement pour fêter le 150e anniversaire de la photographie. Dans sa «jeune naïveté», nous confie-t-il avec le recul, le directeur de l’époque, Gaëtan Gosselin, entreprend d’inviter tous les centres d’artistes de Québec afin de créer ce qui aura été probablement le premier grand événement de réseautage autour de l’art contemporain à Québec. Sans le savoir, il venait de mettre les pieds dans une aventure encore plus grande.

Une aventure qui dure depuis 20 ans et qui, si on se fie à la vitalité qu’elle apporte à la Côte d’Abraham et aux possibilités qu’elle représente pour les artistes, n’est pas prête de se terminer. Ceux qui connaissent bien Québec l’ont peut-être déjà reconnue: il s’agit du complexe Méduse, une coopérative de producteurs et diffuseurs artistiques, culturels et communautaires regroupant huit organismes sans but lucratif et deux coopératives.

Un post-mortem donne naissance

Quelques temps après l’événement de 1989, on organise un post-mortem pour se féliciter de cette fructueuse et innovante collaboration. La conversation dévie alors quelque peu. L’organisme l’Œil de poisson vient tout juste de subir une inondation dans ses locaux et il n’en faut pas plus pour qu’émergent à la fois solidarité et expression d’un besoin commun: des locaux appropriés.

Aidés par le maire Jean-Paul L'Allier et par sa volonté, dotée d'une vision artistique, de revitaliser le quartier Saint-Roch, l’aventure prend alors de l’ampleur et un regroupement d’organismes se forme autour du projet.

«Ce regroupement-là n’était pas fait à l’aveuglette, précise Gaëtan Gosselin, aujourd’hui directeur des Productions Recto-Verso, membre de la coopérative. Il correspondait à un objectif bien précis: regrouper, évidemment des organismes qui ont des philosophies similaires, mais qui ont pour mandat de diffuser et d’offrir à la communauté artistique des services liés à la production artistique.»

Et pourquoi une coop?

«C’est qu’on ne souhaitait pas devenir un regroupement de locataires. On voulait ensemble partager l’esprit qui anime une coop d’habitation.» Ils étaient donc tous d’accord sur un même point: partager un espace de travail, mais aussi mettre en commun leurs équipements pour le bénéfice de leurs membres respectifs. «Il y avait cette idée de partage des ressources techniques, des ressources humaines dans certains cas et l’idée qu’on pouvait les uns les autres faire des économies d’échelle, s’entraider, être en lien un peu organique les uns par rapport aux autres, de telle sorte qu’on ne soit pas indifférent à ce qui pouvait se faire chez nos collègues, précise M. Gosselin. L’objectif était de s’assurer que tout le monde soit supporté par la coop dans les périodes difficiles.»

Pour devenir membre de la coopérative, les organismes ont payé une cotisation de départ de 1000$. À part la location mensuelle de leur espace, aucun autre montant leur est demandé. Ce complexe, comptant aujourd’hui dix membres, comporte de nombreux espaces et de l’équipement pour les artistes. Seuls les organismes locataires sont membres de Méduse, mais chaque organisme a aussi un membership. Chaque personne membre d’un des organismes de Méduse a accès à l’équipement ou à l’aide de l’ensemble de la coopérative et ce, avec «beaucoup de fluidité». Bon 20e anniversaire, Méduse!