Une première coopérative d’entraînement libre pour les arts du cirque et les disciplines connexes a ouvert ses portes en octobre dernier dans le quartier Limoilou, à Québec. Signe d’un besoin réel, Caravane Coop compte déjà plus de 100 membres.
Au-delà de l’École de cirque de Québec et l’École de sport acrobatique, circassiens et circassiennes issus de la capitale sentaient le besoin d’avoir un site pour s’entraîner sans horaire contraignant et, surtout, sans devoir démontrer à tout prix leur niveau professionnel. Avec la création de la Caravane Coop, leur vœu est maintenant exaucé.
Grâce à l’achat d’un local bien à eux, professionnels, gens de la relève et amateurs évoluent désormais côte à côte, tantôt sur le mât chinois, les appareils aériens, les tissus, les galettes de gymnastique, le trapèze et autres appareils visant à éblouir les amateurs du genre.
Les disciplines connexes telles que le yoga, l’acroyoga, la danse et les arts martiaux trouvent aussi leur place dans cet espace dynamique.
Les gens travaillent en étroite collaboration, s’échangent des conseils pour améliorer leurs performances et certains vont jusqu’à partager leur matériel d’entraînement.
Malgré la mission première de l’organisme, plusieurs cours sont disponibles sur place. À travers le statut de membres « producteurs », les professionnels peuvent ainsi partager leur savoir. En plus de constituer un bel espace afin de créer des liens, Caravane Coop fait naître des coopérations inter-artistiques pour des spectacles à venir.
À Montréal, des lieux semblables existent mais comme ils se font rares, ils ne sont pas toujours abordables ou accessibles pour les artistes de niveau amateur. Fait d’exception, La Caserne 18-30, centre communautaire de loisirs spécialisé dans les arts du cirque destiné aux 18-35 ans, offre des prix intéressants et une dynamique axée sur l’essor de la collectivité montréalaise.
La passion à l’oeuvre
Les fondations de la coopérative ont été établies en automne 2015 grâce au dévouement d’une dizaine de passionnés, professionnels et aspirants professionnels des arts du cirque. Le programme de cirque social Cirque du Monde, créé par le Cirque du Soleil et Jeunesse du Monde, aura été un lieu de rencontre pour ses fondateurs. Après une assemblée générale de création au printemps 2016, le nombre de membres a peu à peu augmenté.
Cela dit, Caravane Coop ne compte pas encore d’employé. C’est d’ailleurs pourquoi les adhérents sont invités à investir de leur temps dans le projet.
« On veut que ça vienne du milieu, que les gens soient partie prenante du projet », explique Amélie Gadbois, l’une des pionnières de la coopérative.
Dès le début, des membres ont aidé à nettoyer et peindre les lieux, mettre le matériel en place et chercher des objets utiles à la coop.
Un site idéal
Quelques subventions ont permis à la petite équipe d’acheter un ancien entrepôt de l’Armée du Salut, chemin de la Canardière. Le montage financier a pu être complété par le biais de prêts et d’une campagne de financement en ligne.
En plus d’un appui du programme d’aide Première Ovation, destiné à soutenir la relève artistique de Québec, la coopérative a eu des pourparlers fructueux avec la compagnie de cirque FlipFabriQue. Connue pour présenter des spectacles issus de processus créatifs collectifs, l’entreprise établie à Québec a accepté de prêter une part de son matériel pendant deux ans en échange d’un espace pour ses bureaux administratifs.
Les membres de Caravane Coop espèrent continuer à financer l’endroit en organisant des événements ponctuels tels que des soirées cabarets.
Par ailleurs, un premier événement du genre a eu lieu le 9 décembre dernier. Plusieurs artistes y ont présenté un numéro gratuit. C’était pour eux une occasion de partager leurs créations et d’obtenir des commentaires sur leur travail. La réponse fut bonne : des numéros épatants, une salle comble. Dans le meilleur des mondes, le cabaret Zmâla pourrait devenir bimensuel.
Des coops sous le chapiteau
D’autres coopératives liées aux arts du cirque évoluent au Québec mais elles sont davantage axées sur le spectacle que l’entraînement. Cirquantique figure parmi celles-là. Formée d’artistes de la relève, la coopérative participe depuis 2012 à la création de spectacles mélangeant le cirque et le burlesque.
Lancée il y a cinq ans dans la région de Charlevoix, la coopérative de solidarité à but non lucratif Ékasringa connaît pour sa part un bel essor. Destinée à promouvoir les arts équestres, l’entreprise a été déclarée Lauréat Local en 2013 lors du Concours québécois en entrepreneuriat.