Mettre le modèle coopératif au service du développement urbain : voilà l’objectif de la coopérative Temps libre.

Temps libre se présente comme une « structure collective de développement immobilier conçue pour créer des espaces ouverts, inclusifs et participatifs ancrés dans les quartiers et les collectivités ». Initié par Espace temps et cofondé avec divers organismes voués à l’innovation urbaine et au développement social comme Exeko, les Amis du champ des possibles et Esplanade, ce projet coopératif est unique en son genre.

Le coworking comme levier

L’ouverture, en début d’année, d’un espace de coworking coopératif n’était que le début d’un ambitieux plan de développement social et communautaire dans le quartier mon-tréalais du Mile-End, véritable pépinière d’innovation sociale.

À l’image de son milieu, Temps libre est un incubateur d’innovations. C’est là, entre autres, qu’est né le premier espace de coworking pour parents au Canada. Le projet est actuellement en pause, indique la fondatrice et directrice de Boom coworking, Gabriela de Andrade, retombée enceinte peu de temps après avoir lancé l’idée. La communauté de parents formée grâce à Boom continue toutefois à se retrouver au moins deux fois par semaine, souligne-t-elle, tandis que les parents qui fréquentent Temps libre s’affairent à « repenser le modèle avec la force du collectif ».

Loin de se limiter à louer des postes de travail – moyennant des tarifs de 275 $ à 1500 $ par mois (pour 8 bureaux) – la coopérative sert surtout de « levier économique et organisationnel » pour offrir à la communauté un lieu d’échange et de rencontre libre et non commercial, en plus d’y offrir gratuitement le café, l’accès au réseau WiFi et à l’occasion… du pop-corn!

Sans être une finalité en soi, l’activité commerciale de la coopérative facilite la création d’un « tiers-lieu », cet espace d’engagement civique et de participation démocratique investi par la société civile, tel qu’imaginé par le sociologue américain Ray Oldenburg.

« On voit que ça répond à un besoin », constate Gaëlle Généreux, directrice générale de Temps libre. Avant même l’ouverture officielle de l’espace au public, la coopérative avait déjà accueilli de nombreux événements, des réunions, des conférences et ateliers en tout genre.

« Temps libre est connectée à plein d’initiatives locales », note pour sa part la chroniqueuse et conférencière Miriam Fahmy. Membre de la coopérative depuis juin, Mme Fahmy voit dans cette approche communautaire un exemple d’économie solidaire porteuse d’un potentiel de transformation sociale.

La coopérative comme modèle

Alors que le marché du coworking est en pleine ébullition à Montréal, la viabilité finan-cière de la coopérative, dont le démarrage a été soutenu par PME Montréal, le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ) et la Fiducie du chantier de l’économie sociale, semble bien assurée.

« On est super contents jusqu’à maintenant », se réjouit Gaëlle Généreux, qui estime le taux d’occupation à environ 75 %.

Situé au cœur du secteur Saint-Viateur Est, quartier qui héberge un grand nombre de microentreprises et de travailleurs autonomes du secteur culturel, Temps libre cible particulièrement les pigistes et les petites équipes de travail œuvrant dans les secteurs de l’innovation urbaine, sociale et culturelle.

« Le but c’est d’essayer d’échanger; pas juste travailler côte à côte », explique Julien Deschamps Jolin. Coordonnateur de la division Appropr’Images de P.A.I.R., dont le travail consiste à offrir des services d’accompagnement à la création de projets audiovisuels et de documentation aux organismes à but non lucratif, ce nouveau membre confie avoir été attiré par le caractère coopératif et novateur du projet. « On trouvait qu’on cadrait là-dedans ».