La fin de Rue Frontenac n’a pas étonné beaucoup de monde, mais la manière de finir peut-être un peu. Toutefois, les vraies leçons à tirer de cette expérience se situent ailleurs que dans son crépuscule, mais bien dans la vie du journal des lock-outés du Journal de Montréal.

Cette aventure nous apprend que la liberté de commerce est une chose supposément acquise, mais qu’elle peut se voir rapidement diminuée lorsque nous sommes en présence de conglomérats.

Quel annonceur voudrait risquer se mettre à dos des familles de diffuseurs, qui œuvrent sur une multitude de plates-formes, en plaçant de la publicité dans un journal de lock-outés ? Avec un tel handicap, la viabilité à long terme du journal était déjà compromise.

Pourtant en peu de temps, cette expérience journalistique nous a appris beaucoup de choses. D’abord et avant tout, que des journalistes pouvaient produire de l’information d’une très grande qualité, et ce dans toutes les sphères d’information !

On l’a vu dans le journalisme d’enquête sur le financement des partis politiques municipaux. Et comment ne pas se souvenir des reportages sur les régions comme le reportage émouvant sur le Témiscamingue ? Mais cette presse autonome a aussi traité de choses comme l’économie, où le PDG de Bombardier est venu partager avec le lecteur sa stratégie d’affaires pour la nouvelle série d’avions que constitue la CSéries.

On y a aussi appris de la bouche d’un grand administrateur que la crise des médias s’expliquait aussi par la cupidité des magnats de la presse, sans oublier de louer les chroniques culturelles ou sportives. Bref, Rue Frontenac était un journal qui ajoutait une richesse authentique à la pluralité des voix. C’est donc avec tristesse qu’on le voit disparaitre.

Une seule question me tarabuste toujours : la formule coopérative aurait elle pu permettre à l’expérience de se donner les bases d’une existence permanente ?