Dimanche 29 novembre, à la veille de la conférence des Nations Unies sur le climat, 25000 citoyens se sont rassemblés à Ottawa pour exprimer leur souhait de transition économique et énergétique: économie plus saine, dotée d’emplois «verts», respect des droits autochtones, arrêt de l’expansion des sables bitumineux et des nouveaux oléoducs.

Catherine est accompagnée de ses deux fillettes et constate avec joie le grand nombre d’enfants: «C’est pour eux qu’on fait ça et c’est bien qu’ils soient là. C’est leur avenir.»

Certains sont venus défendre des sujets universels, comme Luc: «La nature est menacée, on oublie que c’est notre milieu de vie.» Beaucoup sont aussi venus communiquer leur inquiétude au sujet du Projet Oléoduc Energie Est, comme Gaëtan: «Le pipeline va passer à 3 km de chez moi. S’il y a des fuites, la pollution ira directement dans la rivière et contaminera la nappe phréatique. Ça veut dire qu’on n’aura plus d’eau potable. On ne peut pas rester les bras croisés.»

«Un grand message de solidarité»

Simon, qui s’est inscrit à l’événement via l’organisme Equiterre, constate que «la marche envoie un grand message de solidarité». Celle-ci passe par différentes initiatives citoyennes, explique Marie-Pierre, qui fait partie d’une ONG à Montréal: «Les attentats de Paris ont jeté une ombre sur la COP21 [la Conférence de Paris sur le climat], et via le système March4Me sur les réseaux sociaux, je suis entrée en contact avec Rose-Marie et je suis aussi là pour elle. Elle vit en France, où les marches sont interdites aujourd’hui.» Claire, qui travaille au Nicaragua dans une ONG qui produit des panneaux solaires, s’est elle aussi inscrite à March4Me pour participer virtuellement à l’événement et commente, par courriel: «Il n’y a pas de marche au Nicaragua, donc c’est super que d’autres puissent le faire en notre nom!».

Espoir dans le nouveau gouvernement libéral 

Les marcheurs ont en effet beaucoup d’espoir et attendent des signes forts. Dans l’un des bus Equiterre de Montréal, les commentaires vont bon train. Selon Yann, «Justin Trudeau doit enlever toute trace de un peu et doit agir.» Christian affirme: «La marche d’aujourd’hui est une motivation supplémentaire pour les décideurs, à la veille de la rencontre de Paris. Ça leur montre qu’on est là. Nous attendons de la part des dirigeants des engagements fermes et concrets, qui seront tenus.» Pour Emilie, «le nouveau gouvernement ne nie plus le changement climatique et participe enfin aux accords internationaux. Les négociations de la Conférence de Paris peuvent permettre de signer un accord historique.» Arnaud ajoute, avec humour: «La COP21 permet au Canada d’être sur le devant de la Seine.»

Sylvain, de la Fondation David Suzuki, parle d’un «consensus mondial» depuis ces dernières années : «Les discours catastrophistes sur les changements climatiques ont laissé place à de nouveaux espoirs. Le récent rejet du projet Keystone XL par le Président Obama et l’élection de notre nouveau gouvernement laissent entrevoir un avenir favorable pour notre pays. Je suis convaincu que nous arriverons aux énergies renouvelables. C’est nous qui décidons à quelle vitesse.»

Passer à l’action

«L’action passe aussi par les initiatives individuelles et collectives», dit Pascale, venue en compagnie de sa sœur Mireille: «Nous avons parfois la vision qui manque aux politiciens. On se demandait si ça valait la peine de venir, mais OUI, car on a entendu des discours et on a envie d’améliorer les choses».

Quelques discours tenus avant la marche apportent déjà des pistes de solutions. Donald Lafleur, vice-président exécutif du Congrès du Travail du Canada (CTC), affirme qu’il est «non seulement possible, mais nécessaire de favoriser le travail vert». David Suzuki, Prix Nobel alternatif 2009 et co-fondateur de la Fondation David Suzuki en 1990, propose de «transformer notre façon de vivre : alimentation, transport, utilisation des énergies fossiles». Une représentante de la communauté algonquine ajoute: «La Terre est notre seul jardin. Ne soyons pas égoïstes et n’attendons pas 30 ans pour agir: on commence maintenant.»

Les plus jeunes marcheurs ont aussi leurs idées. Alissande, 10 ans et sa sœur Athanase, 8 ans, sont venues «pour dire aux gens d’arrêter le réchauffement climatique et d’être vegan, comme nous». Michel et Elisabeth font partie du Club Vélo Dorval depuis 20 ans, et roulent à vélo «pour préserver la planète». «Il faut être conscient des détails. Ça commence par des petites choses et chacun doit faire des petits efforts. Cette marche, c’est aussi une piqûre de rappel.»