Quand la MRC Robert-Cliche dans Chaudières-Appalaches remarque, en 2007, qu’aucun nouveau médecin de famille ne s’est établi dans la région depuis 1994, les autorités municipales proposent à la population d’implanter une coopérative de santé afin de doter le milieu d’une infrastructure attrayante pour dispenser les services publics de santé, et ainsi d’en accroître l’accessibilité.

Le projet de coopérative de santé Robert-Cliche prend forme en mai 2008 à Beauceville, avec comme objectif de « répondre au premier besoin exprimé par les familles de la région, qui est de concilier les horaires des services avec la vie familiale », explique Nancie Allaire, directrice de la Coop Robert-Cliche. La coop semble avoir relevé le défi, avec ses dix périodes de médecine sans rendez-vous en semaine, de jour comme de soir.

Deux premiers points de service ont ouvert leurs portes en 2009, soit à Beauceville et à St-Victor. En 2011, la MRC comptera pas moins de trois points de service dans les trois villes les plus populeuses de la région. À l’automne, les  4 556 habitants de Saint-Joseph-de-Beauce auront eux aussi accès aux services de soins de santé de la Coop Robert-Cliche. La construction d’un nouvel établissement qui accueillera les locaux de la coop devrait débuter à la fin mai.

Nancie Allaire est claire sur un point : il n’est pas question de faire de la concurrence à d’autres cliniques. La mission de la coop, c’est d’assurer le « maintien des services dans les communautés où ils existent déjà ». Selon elle, la coop n’est pas non plus la solution à tous les maux et ce n’est pas pour tous les milieux. Le plus important, c’est de « soutenir les médecins qui travaillent dans les milieux ruraux », ajoute-t-elle.

Un milieu attrayant pour les jeunes médecins

Le soutien aux médecins peut faire en effet toute la différence. Pour Dre Linda Fillion, le projet de coopérative lui a permis de continuer sa pratique. Dans le cabinet où elle travaillait avant, les problèmes de recrutement de nouveaux médecins et le travail d’administration de la clinique l’avait épuisée. « Opérer un cabinet toute seule était impensable, financièrement et physiquement », confie-t-elle.  Avec des horaires flexibles, la possibilité de travailler moins d’heures et l’absence de travail administratif, la Coop Robert-Cliche a créé un milieu attirant pour les jeunes médecins, comme pour ceux qui souhaitent ralentir un peu en fin de carrière. « Chez nous, les médecins font ce qu’ils aiment : ils pratiquent la médecine », affirme Mme Allaire. Il semble que la formule plaise : l’équipe de la Coop Robert-Cliche compte sept médecins de famille et quatre nouveaux devraient être embauchés d’ici deux ans.

La mise sur pied d’une coopérative de santé a de quoi inspirer les régions, qui souvent peinent à avoir accès à des services de santé de proximité. Ce cas, représentatif de la trentaine de coopératives de santé membres de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec (FCSDSQ), démontre bien qu’une communauté peut « arrêter d’attendre après le gouvernement et se prendre en main », affirme fièrement Nancie Allaire. « Les cotisations de nos membres ont servi à mettre en place des infrastructures intéressantes », ajoute-t-elle. De 2009 à 2011, la coopérative est passée de 1 300 à 4 300 membres. Les cotisations des membres, jumelées aux autres revenus autonomes de la coop, représentent tout près de 50 % de ses revenus annuels.

Alors que l’on remet en question l’efficacité du système public québécois, le modèle coopératif semble apporter un bon équilibre entre les besoins de la population et ceux du personnel de soins de santé. Il offre un milieu réellement axé sur le mieux-être de la communauté