Les réseaux coopératifs se réunissaient cette semaine à Montréal pour le forum du Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM). Une occasion parfaite pour organiser la première foire d’emploi du secteur. Les entreprises collectives ont eu accès au plus important bassin de chercheurs d’emplois au Québec (lire aussi notre édition papier distribuée sur place).

Réunies au forum annuel du CQCM, les 3300 entreprises collectives représentées par leurs fédérations lançaient un plan stratégique couvrant une période de 5 ans. Parmi les ambitions du plan, celle de combler 20000 postes d’ici cinq ans!

Placer l'humain avant le capital

«L’objectif de 20000 postes est ambitieux, mais tout à fait réalisable», explique François Hastir, porte-parole du Salon de l’emploi et de l’engagement coopératif et mutualiste. On compte déjà 99000 employés dans l’ensemble des réseaux. On imagine qu’une bonne portion du renouvellement de la main d’œuvre est inévitable vu le roulement naturel dans un si grand secteur d’emploi. Toutefois, la conjoncture socio-économique est également favorable. Emploi Québec anticipe qu’environ 1,4 million d’emplois seront à pourvoir d’ici à 2020. Comme l’explique François Hastir, le milieu «place l’humain avant le capital». Pour un chercheur d’emploi avec une sensibilité sociétale, «trouver un employeur du secteur devient un immense avantage».

Chercheurs d’emplois? Par ici! Pour Line de Cotret, ex-employée du Cirque du Soleil, c’est une occasion unique. Curriculum vitae à la main, ce qui la motive, c’est l’idée «de travailler pour un employeur qui partage ses valeurs de solidarité sociale». À cinq pas, le kiosque de la Fédération des coopératives de services à domicile et de santé du Québec. Paul Lévesque, qui y est conseiller en relations publiques et gouvernementales, interjette: «Présentez-moi aujourd’hui 1000 chercheurs d’emplois, nous trouverons 1000 postes.»

Président du réseau COOPSCO, qui regroupe la Fédération québécoise des coopératives en milieu scolaire, François Hastir insiste sur ce qui distingue le salon: «une vision commune chez les exposants: miser sur la relève.» Au cœur du centre-ville de Montréal dans le Complexe Desjardins, le salon a été fréquenté par des centaines de visiteurs, mais les organisateurs misent sur une suite virtuelle. «Nous dirigeons les chercheurs d’emplois sur notre plateforme virtuelle – on peut s’y inscrire et déposer son curriculum vitae jusqu’au 27 mars», dit Geneviève Ducharme de COOPSCO.

Coopératif et durable

Le porte-parole du salon souligne l’importance que recèlent les valeurs d’entreprises pour la génération montante. «Nous sommes sensibilisés au développement durable et souhaitons que les entreprises où l’on travaille partagent une même vision.» Marc-André Yelle est à la recherche d’un emploi dans son domaine d’expertise, «la gestion du développement durable». Il considère que la formule coopérative se prête naturellement au développement durable. Il a entendu parler de l’événement par Cataléthique, une association de professionnels qui cherche à utiliser le pouvoir du monde des affaires pour participer à la création d’une communauté solidaire. Monsieur Yelle y œuvre comme administrateur. «Lors de nos événements, on rencontre beaucoup de gens qui cherchent à s’impliquer professionnellement tout en créant de la valeur sociale.»

Mission éducative

Parmi les plus grands employeurs au Québec, se retrouvent plusieurs coopératives, les Caisses Desjardins en tête. Peu le savent. Outre l’aiguillage vers des emplois accessibles à une large frange de travailleurs, les exposants présents dans la quinzaine de kiosques souhaitent aussi mieux faire connaître le milieu. «C’est l’avantage du site, s’il y a des centaines de passants qui ne s’arrêtent pas spécifiquement à notre kiosque, ils verront sur la table devant moi des produits qu’ils connaissent et qu’ils pourront associer à la coopérative qui est derrière chaque marque», dit Marilyn Rousseau, représentante d’Agropur. «Qui n’a pas déjà bu du lait Québon au petit déjeuner?»

Même enthousiasme à communiquer l’esprit coopératif chez Stéphanie Morin de la Fédération québécoise des coopératives forestières. «L’industrie sort de temps difficiles, mais ça va de mieux en mieux», explique-t-elle en décrivant les nouveaux débouchés pour la fibre de bois. À la Coop Fédérée, Philippe Simard explique que ceux qui veulent s’engager dans une entreprise du réseau profitent de bien plus qu’un emploi. «Ils peuvent bénéficier du soutien du réseau – ce n’est pas banal dans certaines régions.» La motivation de SSQ Groupe Financier est similaire; s’y ajoute «le désir de venir au-devant des Montréalais» explique Lana Poirier Laberge.

Rencontre de valeurs

La relève est un enjeu pour toutes les entreprises québécoises et les chercheurs d’emplois sont de plus en plus exigeants. De plus en plus, l’éthique et les valeurs de travail sont placées au haut de leurs préoccupations. C’est sur cette tendance de fond que parie le CQCM. «La recherche du profit à tout prix laisse place à la recherche du profit sensé, observe François Hastir. Une coopérative ne peut pas opérer sans faire de profits, mais la rentabilité est circonscrite par des préoccupations de bien collectif.»

Salon virtuel: http://www.salonemploi.coop