L’automne appelle bien des cyclistes à remiser leur vélo pour l’hiver. D’autres devront au contraire le préparer pour affronter les rues glacées. À Montréal, il existe des ateliers de vélo communautaires; des lieux où l’on peut réparer son vélo soi-même avec l’aide de mécaniciens bénévoles, et où l’on peut trouver des pièces neuves ou usagées à petit prix. Les plus motivés peuvent même monter leur propre vélo avec des pièces usagées.

L’un de ces ateliers, le SantroVélo, est situé sur le Plateau-Mont-Royal. Sa mission est « d’offrir un espace de travail accessible à tous et toutes les cyclistes qui veulent effectuer leurs réparations de bicyclette eux-mêmes dans une atmosphère de coopération et d’apprentissage ».  Le prix est certainement accessible : 15 $ pour une année ou 5$ par utilisation.

Cet atelier communautaire fait partie d’un organisme plus large, le Santropol Roulant. Fondé en 1995 par deux jeunes serveurs qui voulaient créer de l’emploi pour d’autres jeunes à Montréal, ils ont lancé un service de popote roulante à travers lequel des jeunes ont commencé à livrer des repas aux aînés dans le besoin, le plus souvent à vélo. Le besoin d’un atelier pour réparer tous les vélos s’est fait sentir, et peu de temps après que l’atelier ait ouvert ses portes, l’intérêt du public a suscité sa transformation en espace communautaire.

SantroVélo. – Photo: J.Divett

SantroVélo est maintenant un atelier en pleine effervescence. En 2010, plus de 20 mécaniciens bénévoles ont offert leur temps et leur soutien aux utilisateurs de l’atelier. Ensemble, ils ont pu réparer plus de mille vélos. Selon un de ces bénévoles, Ed Hudson, au cours d’une période de deux heures et demie on peut s’attendre à voir entre 8 et 10 membres défiler dans l’atelier. Ed offre ses services comme mécanicien bénévole depuis huit ans dans trois ateliers différents, y compris le SantroVélo. « Je passe environ six heures par semaine dans les ateliers. J’y ai beaucoup appris. La plupart de mes connaissances en mécanique viennent de cette expérience. Ici, on improvise souvent pour trouver une solution aux pannes et je trouve ça le fun ! »

Le mécanicien communautaire constate que « les ateliers sont beaucoup plus animés qu’il y a huit ans. Évidemment, c’est plus populaire au printemps, en été et en automne mais j’ai aussi l’impression qu’il y a plus de monde sur les vélos en hiver ce temps-ci. » Ed suppose que cette augmentation soit peut-être due au fait que certaines pistes cyclables sont déneigées depuis quelques années.

Il y a maintenant sept ateliers communautaires de vélos à Montréal. Est-ce que ce phénomène a eu un impact sur les magasins de vélos ? D’après Julian Novales-Flamarique, coordonnateur de la collecte de fonds et des communications au Santro Roulant, l’atelier vend des pièces neuves au prix de vente conseillé par le fabricant pour ne pas se mettre en compétition avec les magasins. « C’est mieux pour les magasins si plus des gens sont confortables avec des vélos. »

Etienne Roy-Corbeil, copropriétaire de Dumoulin Bicyclettes, un magasin et atelier commercial qui existe depuis 1952, est d’accord avec l’avis de Julian. Etienne n’a pas du tout l’impression que ses ventes ont diminué avec l’apparition des ateliers communautaires. « La plupart de mes clients ne veulent pas apprendre eux-mêmes, explique-t-il, mais ça améliore la connaissance du public en général et ça donne une expérience de base aux employés de l’avenir. Tout ce qui fait que les gens parlent de vélo, c’est bon. »

Les ateliers communautaires n’existent pas seulement a Montréal. L’idée trouve ses débuts dans l’Ouest des États-Unis, et elle s’est propagée dans toutes les grandes villes du Canada, des Etats-Unis et d’autres pays. Certains ont choisi la forme coopérative, comme Roue-Libre à Québec, et inspirent maintenant des projets dans de plus petites villes, dont Rimouski. Tous ces ateliers ont pour objectif commun de promouvoir un style de vie plus sain et un mode de consommation et de transport durable.