Bien que le Québec compte plus de 2750 coopératives autres que financières, trop peu d’entre elles ont su profiter pleinement des avantages incontestables de l’intercoopération. Peut-on s’étonner d’apprendre que c’est dans le fief du Mouvement Desjardins qu’a eu lieu le tout premier Forum intercoop québécois?

« Il y a longtemps que j’y rêvais », confesse Robert Desrosiers. Porteur du dossier pour la caisse Desjardins de Limoilou, où il agit à titre de directeur général, M. Desrosiers est un des principaux instigateurs du Forum qui a eu lieu il y a 10 jours. L’événement lui tenait d’autant à cœur qu’en août dernier, le dirigeant a été élu représentant des coopératives à la Coopérative de développement régional du Québec de Québec–Chaudière-Appalaches (CDRQA).

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En guise d’invité d’honneur, Guy Cormier, président et chef de la direction de Desjardins. À l’occasion du dernier Sommet international des coopératives, le successeur de Monique Leroux indiquait au quotidien Le Devoir combien « il importe de mettre en place des mécanismes qui servent aux gens à coopérer réellement sur des dimensions non seulement financières, mais aussi sur celles qui touchent l’évolution de nos sociétés, des différentes économies et du monde au sens large ».

L’entraide au pouvoir

Organisé sous la supervision de l’Institut de recherche et d’éducation pour les coopératives et les mutuelles de l’Université de Sherbrooke (IRECUS), ce forum ouvert d’une journée entendait bien répondre à l’appel. Plus de 85 coopératives issues de la grande région de Québec et de Lévis ont mesuré leurs enjeux actuels, tout en s’engageant à travailler de concert pour améliorer leur productivité.

« Je voulais que ce soit une suite logique des sommets internationaux », indique M. Desrosiers, qui rappelle que la première intercoopération est celle établie entre chacune des caisses Desjardins et celle créée au fil des ans avec leur communauté proche ou élargie.

Le gestionnaire a salué le fait que lors de la préparation de l’événement, le Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM), les caisses Desjardins, la Coopérative de développement régional du Québec (CDRQ) – qui a fusionné ses 11 branches l’été dernier – ont d’emblée unis leurs forces pour faire du Forum une réussite. « C’est un succès collectif. Au point de se demander si le concept est exportable. » Des délégués de cinq régions situées à l’extérieur de la capitale ont d’ailleurs assisté à l’exercice.

Une conjoncture favorable

L’avènement du Forum intercoop aura entre autres réussi à resserrer les liens avec le Pôle des entreprises d’économie sociale de la Capitale-Nationale (POLECN), indique Robert Desrosiers.

 « Il y a une fenêtre d’opportunité, soutient le directeur général de la caisse Desjardins de Limoilou. L’économie est en évolution, nous vivons une période où beaucoup d’entreprises passent à la génération suivante et où il n’y a pas systématiquement de relève. Le système coopératif est un élément de développement durable pour les entreprises et plusieurs finissants d’université pourraient être tentés d’utiliser ce levier pour partir en affaires. »

Au terme de l’événement, trois comités distincts ont été créés pour mettre à profit les forces vives du milieu, dont un groupe d’animation à la vie coopérative et l’intercoopération, destiné à assurer la pérennité des échanges.

Au total, une douzaine de projets ont été ciblés. On veut notamment définir un nouveau modèle de coopératives d’habitation permettant aux locataires de se bâtir un patrimoine financier et créer un répertoire de biens et services mis en marché par les coops.

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Un comité consultatif se réunira plusieurs fois en cours d’année afin de veiller au suivi des dossiers. Parallèlement, un comité investissement réfléchira aux moyens d’acquérir des entreprises existantes, d’établir des partenariats ou d’offrir du soutien à des coopératives dans le besoin.

Une bonne part des 340 coopératives de la région œuvre dans le domaine de l’habitation, précise M. Desrosiers. En place depuis longtemps, elles ont bâti des assises solides. Mais la difficulté vient des petites coops, qui peinent à survivre. « Les plus grands changements viendront du côté des coopératives de services et de soins à domicile. On prévoit une explosion des besoins. » Bon nombre d’entre elles travaillent déjà de pair afin de demeurer compétitives sur le marché. L’intercoopération constitue pour elles une planche de salut.