Le Sommet international des coopératives 2016 bat son plein à Québec, où près de 3000 personnes en provenance de 116 pays discourent autour de leur modèle d’affaires.

Au lendemain de la proclamation de l’Année internationale des coopératives par les Nations Unies en 2012, l’Alliance coopérative internationale (ACI) a mis en place son « Plan d’action pour une décennie coopérative ». Le mouvement visait alors à ce que les coopératives soient reconnues comme des leaders en matière de durabilité économique, sociale et environnementale d’ici la fin de la décennie. Au vu des ateliers et conférences de l’édition en cours, cet objectif demeure la voie à atteindre.

Des entreprises pérennes

Globalement, les coopératives occupent aujourd’hui 10 % du produit intérieur brut mondial. D’après un rapport de l’Organisation internationale du travail (OIT), les entreprises engagées dans le monde de la finance offrent davantage de stabilité en période trouble que toute autre institution financière. Loin de s’affaiblir, les actifs des banques coopératives ont augmenté de dix pour cent entre 2007 et 2010. En Amérique du Nord, les coopératives de crédit ont enregistré une hausse de 23 % en termes d’économies, indique un document de l’ACI.

Rym Ayadi, directrice de l’Institut international des coopératives Alphonse-et-Dorimène-Desjardins, fondatrice du Centre international de recherche sur la finance coopérative (CIRFC) et professeure au Département des affaires internationales à HEC Montréal, dévoilait cet après-midi le fruit d’une analyse approfondie du secteur bancaire des États-Unis, du Canada et du Brésil. Selon la spécialiste, un système diversifié, au sens des modèles d’affaires bancaires, est apparemment plus résistant qu’un système qui tend à converger vers un seul modèle d’affaires.

Par ailleurs, la cinquième édition du rapport annuel de recherche de l’Alliance de coopération internationale souligne une fois de plus la vitalité du mouvement. D’après les données de 2014, plus de 1400 coopératives établies dans 52 pays compte un chiffre d’affaires qui dépasse les 100 millions de dollars US, tandis que le top 300 englobait durant la même période un équivalent de 2,5 G$, ce qui correspond à une hausse de 7 % de leurs profits en un an.

Coopération entre coopérants

Plus tôt aujourd’hui, Guy Cormier, président et chef de direction du Mouvement Desjardins, a déclaré que 90 % des coopératives québécoises font affaire avec l’institution. Cette inter-coopération s’est traduite à nouveau avec l’engagement de Capital régional et coopératif Desjardins (CRCD) de soutenir financièrement les projets d’expansion et de consolidation de Citadelle, qui compte 2000 familles d’acériculteurs dans ses rangs ainsi que d’Unicoop, engagée dans le secteur agricole et le marché de détail. Les partenariats du genre se sont multipliés au fil de l’événement.

« Le tout vaut plus que chacune des parties », illustrait ce matin Yves Morieux, directeur du Boston Consulting Group Institute (BCG) lors d’une table ronde. « La coopération, c’est un multiplicateur d’intelligence », a-t-il ajouté à l’intention de la salle. Selon le spécialiste, les coopératives sont en position favorable face à l’avenir puisque tout porte à croire que la valeur ajoutée sera de plus en plus pris en compte par les consommateurs de demain. Encore faut-il que le public saisisse bien l’ADN de ces entités particulières que sont les coopératives et des valeurs, justement, qu’elles véhiculent. « On doit être fiers de cette marque de commerce », insiste le professeur Michel Séguin, titulaire de la Chaire de coopération Guy-Bernier à l’UQAM, qui a mis sur pied un baromètre pour mesurer l’image des coopératives.

De son côté, Michel Prugue, président de Coop de France, a saisi l’importance de bien se démarquer par rapport au privé. Même s’il gère 85 milliards d’euros, il lui reste à convaincre ses propres membres. L’entreprise multiplie les campagnes de commu-nication avec des slogans du genre « cet épi de blé fera vivre tout un village ». En France, trois agriculteurs sur quatre dépendent des coopératives.

Malgré toutes les statistiques reluisantes, il semble que les coopératives aient toujours du mal à s’imposer comme premier choix dans la tête des consommateurs. « Il faut faire comprendre aux citoyens que les coopératives fonctionnent différemment », admet sans détour Hilde Vernaillen, Directrice générale, Groupe P&V Assurances, Belgique. « On n’a pas appris à raconter nos histoires », renchérit Gianluca Salvatori, Directeur général de l’Institut européen de recherche sur les coopératives et les entreprises sociales (EURICSE).

Le professeur et ex-secrétaire au travail sous Bill Clinton Robert Reich les enjoint de passer leur message au plus tôt, histoire de restructurer le système économique mondial  actuel. L’expert a soutenu que le revenu moyen des ménages aux États-Unis a diminué de 14 % depuis 1984 alors que durant la même période, l’activité économique doublait. « L’avenir est entre vos mains », a-t-il lancé à un parterre conquis d’avance.