Un an après avoir cessé ses activités d’édition du journal Ensemble, la Coopérative de journalisme indépendant (CJI) s’est portée fiduciaire du projet de relance du réseau de médias hyperlocaux Pamplemousse.ca.

Ce réseau indépendant, lancé en 2013 et établi dans trois quartiers de Montréal (Mercier-Est, Plateau et Petite-Patrie), a pour mission d’offrir aux communautés qu’il dessert de l’information locale produite par des journalistes professionnels dans leurs quartiers. Opéré par une société par actions jusqu’à l’arrêt de ses activités en février dernier, le réseau fait l’objet d’un projet de transfert en coopérative porté par les journalistes.

Depuis la fin février, les journalistes de Pamplemousse.ca ont multiplié les rencontres et ont obtenu de nombreux appuis de la part des milieux communautaires, des milieux d’affaires locaux et des élus des trois paliers de gouvernement qui adhèrent à ce projet de relance et de transition en économie sociale.

Le modèle de l’édition coopérative : une première rétrospective 

Fondée en 2011, à la suite de la Conférence internationale des coopératives de septembre 2010, la CJI s’est dotée d’une structure d’édition coopérative pour mettre de l’avant un modèle de référence dans le domaine de l’information indépendante, celui de la coopérative de producteur où le média appartient à 100 % aux journalistes qui y travaillent.

En plus d’avoir œuvré à mettre en place un réseau d’information interrégionale et coopérative, notamment à travers une série d’éditions régionales imprimées entre 2011 et 2012, la CJI se préoccupe depuis ses débuts de l’avenir du journalisme indépendant. On lui doit notamment une tournée des régions sur le sujet, qui fait l’objet d’une édition spéciale publiée à l’occasion des États généraux du journalisme indépendant, organisés en 2013 par l’Association des journalistes indépendants du Québec.

Les éditions régionales imprimées de 2011-2012 auraient pu devenir une alternative coopérative aux hebdos locaux et régionaux privés, si la coopérative avait eu les moyens de maintenir ce projet inédit. Mais c’était au pic de la « guerre des hebdos » et les prix de la publicité étaient en chute libre. Ensemble n’a jamais réussi à trouver une ressource stable et fiable aux ventes, ce qui a mené à l’abandon du papier et au virage Web d’Ensemble.

Force est d’admettre qu’en cherchant à s’établir comme média de niche coopérative en ligne, Ensemble a eu de la difficulté à assurer une viabilité financière à la CJI. C’est que l’information coopérative est un secteur à la fois très pointu et très général, qui est limité tant en terme de lectorat potentiel que de marché publicitaire. D’autant plus que la niche de l’économie sociale est en partie occupée par d’autres médias, dont certains jouissent d’assises économiques plus solides et d’une meilleure notoriété qu’Ensemble.

La continuité dans l’intercoopération

La relance de Pamplemousse.ca, sur la base d’un modèle en économie sociale, s’inscrit en droite ligne avec l’objet de la CJI : exploiter une entreprise de presse en vue de procurer à ses membres des biens et services nécessaires pour l’exercice de leur profession de journaliste indépendant.

En décidant fin mars 2017 de mettre sa structure coopérative au service de la relance d’un réseau de médias hyperlocaux indépendants, la CJI réaffirme ainsi son engagement envers le renouvellement des modèles d’affaires des médias et réitère sa volonté de mettre de l’avant une information indépendante de qualité destinée à servir l’intérêt du public et à éclairer le débat public et la délibération collective.

Précisons que le projet n’implique pas le journal Ensemble comme publication, mais la CJI comme éditeur. À titre de fiduciaire, le rôle de la CJI se limite à récolter du financement pour la relance de Pamplemousse.ca, notamment dans le cadre d’une campagne sur la plateforme de financement participatif de proximité La Ruche, et à opérer le réseau à court terme.

En facilitant ainsi la transformation de Pamplemousse.ca en réseau coopératif, la Coopérative de journalisme indépendant bouclera en quelque sorte la boucle de l’aventure entamée en 2010. Elle aura ainsi contribué à une tentative de refonder le modèle économique de l’information de proximité et de repenser la gouvernance des entreprises de presse locale. Ce n’est pas rien!