Une page se tourne à Cuba. La mort de Fidel Castro vendredi, semble avoir laissé certaines générations orphelines. Les journaux, les télévisions et les radios n’en finissent plus de commenter.

Certains habitants s’y mettent, à l’image d’Elsa, septuagénaire qui a vécu les combats révolutionnaires de Santa Clara. Sa ville fut le symbole de la victoire de la rébellion menée par Ernesto « Che » Guevara après des combats rigoureux fin 1958 contre les troupes de Fulgencio Batista.

15271496_1226228354089398_442079931_o« Fidel est le plus grand homme de ce siècle et du siècle précédent. Nous l’avons vu s’affaiblir ces dernières années mais sa mort reste une chose terrible. C’est un grand idéaliste qui nous quitte, mais le peuple ne se résignera pas. »

Des réactions partagées

À Trinidad, la nouvelle de la disparition du Lider Maximo ne fait pas pleurer tout le monde. La terre ne s’arrêtera pas de tourner et Cuba non plus. Malgré neuf jours de deuil décrétés par son frère Raul, président depuis 2008, les Cubains veillent à leurs activités, notamment touristiques.

15231474_1226251690753731_1501884574_o-1« Il fallait bien que cela arrive un jour, confie Carlos, chauffeur de bus. Personne n’est immortel. Nous l’avons vu s’éteindre d’année en année. Ce n’est pas une surprise. »

Pour autant, ils préparent comme il se doit l’éloge funèbre de leur ancien dirigeant. Un hommage lui est rendu depuis hier au Mémorial José Marti de La Havane et s’étend jusqu’à ce soir. Les cendres partiront ensuite de La Havane demain, avant d’arriver dimanche à Santiago de Cuba, à l’est, ville de l’inhumation.

Fidel, et après?

Depuis dimanche, tout le monde s’acharne à repeindre les façades, les bancs, voire les panneaux sur les routes qui seront empruntées par le futur cortège funéraire.


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Si ces funérailles promettent d’être largement suivies, qu’en sera-t-il ensuite? « Rien ne va changer, estime Claudia, universitaire à La Havane. Si beaucoup, comme moi, sont choqués, cela reste de l’ordre du symbole. La politique ne va pas changer de trajectoire pour autant, poursuit-elle. Une trajectoire qui a, semble-t-il, dévié ces dernières années, suite au dégel des relations avec les États-Unis.

« La levée de l’embargo? C’est de la poudre aux yeux, lâche Henry, chauffeur de taxi à La Havane. À part recevoir de nouvelles voitures ou de nouveaux bus, cela ne change en rien la réalité des Cubains. »

Même son de cloche pour Maria, journaliste à Viñales. « Si vous pensez que maintenant les Cubains peuvent quitter leur île librement, vous vous trompez, lance cette mère de famille. Les prix sont prohibitifs. Certains ont vendu leur maison pour aller aux États-Unis. Et ils sont revenus sans rien… »

Des Québécois pris dans la tourmente

Pour la communauté québécoise présente ces jours-ci à Cuba, l’ambiance était assez particulière.

15224647_1226317997413767_504178001_o« On a senti un choc dans notre casa, explique Yvon, 54 ans. Nous étions inquiets que tout s’arrête, les bus, les taxis… »

 

Tout ne s’est pas arrêté mais l’événement a tout de même entaché les vacances de plusieurs d’entre eux. « Nous sommes très mal tombés, regrette Mona, accompagnée de son mari Harold et de Lisa et Philippe, un couple d’amis. Au moment où nous avons atterri à Varadero, Fidel était mort. Tous les spectacles ont été annulés. La vente d’alcool interdite en ville… »

Son mari n’est pas en reste. « Le meilleur moment, ce sera quand on sera rentré à Québec vendredi », rigole Philippe. Les amis ont été surpris de voir toutes les télévisions en boucle depuis trois jours.

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« C’est Fidel, Fidel, Fidel, peste Harold. On se demande s’ils sont tristes ou s’ils se doivent de l’être. »

Des lendemains incertains

La question de l’avenir mérite d’être posée, notamment au sein de la jeunesse. « Je suis assez inquiète et j’ignore de quoi demain sera fait, fulmine Odalys. Mon fils est médecin et il est toujours très peu payé. J’aimerais qu’il parte car l’avenir est bien trop flou. »

Au niveau politique, quelqu’un devra se charger de cette incertitude après Raul Castro, également âgé. Le vice-président, Miguel Díaz-Canel, 56 ans, pourrait être le mieux placé pour prendre la tête de l’île. Ce dernier s’est déjà montré au peuple et aux médias lorsque l’ouragan Matthews a dévasté Baracoa ainsi que d’autres villes et villages de l’est cubain, le mois dernier.