À l’occasion du Forum coopératif du Centre-du-Québec tenu le 16 novembre dernier à Victoriaville, le journal Ensemble a rencontré Michel Gauthier, président de la Coopérative de développement régional (CDR) Centre-du-Québec/Mauricie, ainsi que Annie Roy, directrice générale, afin de mieux comprendre les enjeux qui y sont associés.

Naolo Coulibaly, journal Ensemble : Quelle étape importante pourra être franchie avec ce forum ?

Michel Gauthier, CDR Centre-du-Québec/Mauricie : Avec l’année des coopératives, en 2012, nous souhaitons trouver des façons de mieux faire comprendre à la population le rôle des coopératives et des mutuelles dans l’économie de demain. On a besoin de récolter des idées qui viennent de la base. Je dirais en fait qu’avec ce forum, on fait un premier pas.

Annie Roy, CDR Centre-du-Québec/Mauricie : Les gens qui sont présents ici ne sont pas tous du milieu coopératif. Il y a des personnes de l’entreprenariat privé et des élus. Ce qui est important de voir, c’est comment ils voient l’avenir et si la formule mutualiste et coopérative peut être une solution pour le développement des territoires. Comment on peut faire une mixité entre l’entreprenariat privé et le développement coopératif? Il y a des portes ouvertes. Il faut juste savoir à quel niveau elles le sont et mettre le pied dedans avant qu’elles se referment.

N.C. : Qu’est-ce que le modèle coopératif apporte de différent ?

M.G. : La coopérative apporte, par exemple, une sécurité. On sait maintenant que sur le territoire que l’on couvre il y a beaucoup de régions dévitalisées. Il y a des petites entreprises qui dans des grandes villes ne seraient pas très importantes mais qui chez nous sont extrêmement importantes.

A.R. : Vous auriez parlé avec la mairesse de Notre-Dame-de-Ham, et elle aurait été la première à déplorer l’absence de services dans sa municipalité. Par contre, depuis quelques mois, ils ont démarré une coopérative de services de proximité qui va ouvrir sous peu, de manière à redonner aux populations l’accès à une épicerie et à une station d’essence pour mieux desservir la communauté .

N.C. : Quelles sont vos préoccupations actuellement à l’aube de l’année des coopératives ?

M.C. : Ma préoccupation est de trouver le bon timing pour que les gens écoutent. Si les gens écoutent, je suis convaincu que ça va être un grand succès. Je crois qu’avec les hauts et les bas de notre système économique, on commence à se demander s’il existe quelque chose qui pourrait nous permettre de placer nos idées et nos sous dans un mode plus sécuritaire et plus stable. L’autre préoccupation que j’ai, c’est de savoir si les gouvernements, ceux qui sont en place pour nous donner les outils qu’il faut pour le développement, vont bien écouter. Je pense qu’avec l’année 2012, les planètes sont alignées pour promouvoir le milieu mutualiste et coopératif.

A.R. : Entre le mouvement coopératif et l’État, il y a un très bon partenariat. Ne serait-ce que par le biais de l’entente qui a permis la création des CDR. Par contre, on est lié à un ministère. Le développement ne se fait pas par le biais d’une seule et unique personne. Il ne se fait pas non plus par le biais d’un seul et unique ministère. Quand on implante une coop de santé, on touche au ministère de la santé, on touche au ministère du développement économique et on touche à l’occupation du territoire. Le problème, c’est que ces ministères ne s’arriment pas. Il faudra arriver à une plus grande modulation des différents programmes pour pouvoir aider au développement des territoires.

N.C. : Au cours des années, quels ont été les défis que le mouvement coopératif a pu relever ?

M.C. : Le modèle a bien réussi à se développer. Les chiffres qui représentent le mouvement coopératif sont quand même assez impressionnants. On est probablement parmi les joueurs les plus importants au monde, sauf qu’on est divisés. C’est moins connu, mais les coopératives sont 5 fois plus performantes au niveau de la longévité que les autres entreprises.
Aujourd’hui, le grand défi est de faire en sorte que l’année des coopératives ne s’arrête pas au 31 décembre 2012. Nous aimerions que ce soit plutôt un tremplin pour propulser le mouvement coopératif un peu plus loin et ça c’est un défi dont on doit absolument tenir compte.

Avec tout ce qui se passe au niveau de l’économie, on commence à réaliser que, même ici au Canada, on est vulnérable. Nous subissons les impacts de tout ce qui se passe sur la planète. Le défi est de réussir à démontrer que le mouvement coopératif, c’est faire des affaires de telle sorte que l’être humain occupe une place importante.

Nous voulons aussi montrer qu’ensemble,  je dis bien ensemble, nous pouvons réaliser de belles choses.