La poésie n’a-t-elle pas souvent été le premier porte-voix des indignés dans l’histoire des changements sociaux ? Nul doute, en tout cas, que les artistes présents samedi dernier lors de la soirée organisée par le comité jeunesse du Chantier de l’économie sociale à la Société des arts technologiques, dans le cadre du Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), travaillent activement et passionnément à la sensibilisation et à la mobilisation des citoyens.

On pourra dire que la poésie a une fois de plus frappé fort lors de cette soirée, dont l’objectif était, selon la porte-parole du comité jeunesse, Sophie Morissette, « de mettre en valeur la vision des jeunes de l’économie sociale. » Le comité jeunesse a recueilli les mots, les images de jeunes de partout dans le monde et les a remis à des poètes afin qu’ils livrent des textes capables de rendre hommage à cette parole collective.

C’est avec des mots faisant écho au mouvement mondial des Indignés que le slameur Ivy a donné le coup d’envoi de la soirée : « Je vous offre la civile résistance en cadeau. » Prenant la parole successivement, les artistes ont clairement lancé un appel à la solidarité en dénonçant tour à tour l’individualisme et l’exploitation, dans une poésie revendicatrice digne de la Nuit de la poésie de 1970.

À souligner, la prestation des deux figures féminines de la soirée, Moe Clark et Queen Ka, dont les textes et l’intensité sur scène rappellent l’inoubliable Speak White récité par son auteure, Michèle Lalonde, le 27 mars 1970. D’entrée de jeu, la poète métisse anglophone Moe Clark invitait à réfléchir sur le rôle social de l’artiste en confiant : « L’économie sociale, c’est ce que je fais dans la vie parce que je suis une artiste. Sinon, je ne vois pas dans quelle catégorie je pourrais être ! »

Queen Ka et Samian dans des extraits du spectacle:


Sur un fond de chants autochtones, elle a ensuite livré un poème sur les réalités des communautés amérindiennes réprimées et la perte de ce que ces peuples peuvent représenter en terme de solidarité : « While our land loses oil reserves, they make more indian ones. […] We are twined, twisted like tobacco. » Poursuivant l’appel à l’indignation lancé par Ivy, l’artiste de Spoken Word, Queen Ka, s’est adressée directement au peuple québécois afin qu’il se dresse enfin et qu’il cesse d’être « tranquille même en révolution ». Dans un poème provocateur, comme un appel aux armes, elle a dénoncé les exploiteurs tout en renvoyant directement aux Québécois l’image de leur propre immobilisme : « Prenez-nous, parce que nous, on a jamais su se prendre. »

Et comment ne pas mentionner également la présence de Samian qui, une fois de plus, a rendu hommage à la parole algonquine de son peuple en livrant des passages dans sa langue et en dénonçant les injustices de son peuple dont l’histoire est « similaire à l’histoire des Noirs. »

Autre événement marquant de la soirée : l’annonce faite par John McNain, vice-président stratégies et produits chez Capital One, de la mise sur pied d’un nouveau programme de subvention pour soutenir les initiatives d’économie sociale portées par des jeunes. En plus d’offrir des bourses, le Fonds Capital One pour jeunes entrepreneurs assurera un soutien à ces jeunes en leur donnant des ateliers sur le processus de création d’entreprise.