À quelques pas du Palais des congrès, où s’est tenu cette semaine le Forum international de l’économie sociale et solidaire (FIESS), plus de 150 tentes et près de 300 occupants assiègent la place de la Bourse. Une grande partie des délégués au congrès sont sortis en force mardi dernier pour leur exprimer leur soutien (voir article). Le congrès est terminé, les avions ont ramené les représentants de plus de 60 pays à la maison, et les occupants du Square Victoria sont toujours sous la tente pour réclamer une société plus juste et démocratique.

Afin de mobiliser les citoyens, les occupants organisent des activités culturelles toute la fin de semaine entre 10h et 22h, sous le thème de la « créativité réflexive et réflexion créative ». Ils ont sollicité la participation de plusieurs personnalités du milieu artistique québécois, notamment Hugo Latulippe qui y présentera en avant-première son documentaire République, un abécédaire populaire, dimanche à 19h.

« Pour une économie dans les mains des 99 % »

Les organisateurs du FIESS ont invité les Indignés à s’adresser aux congressistes pendant la cérémonie de clôture, jeudi. C’est Carminda Mac Lorin qui a pris le micro pour exprimer sa reconnaissance envers les délégués qui ont exprimé mardi leur soutien aux « 99 % ». Car, comme le précise Daniel Tygel, secrétaire exécutif du Forum brésilien d’économie solidaire, nous sommes tous ici les 99 %.

M. Tygel, qui a pris la parole au Square Victoria mardi, s’étonne que plusieurs participants, et même des journalistes, ne semblent pas réaliser qu’ils font partie des 99 %. « Plusieurs jeunes qui sont ici ont participé au 15 octobre dans plusieurs villes, ils sont venus pour le Forum et ils vont retourner là-bas. Ce n’est pas distinct. » Il propose un slogan commun qui rassemble l’économie sociale autour du mouvement des Indignés : « Pour une économie dans les mains des 99 % »

« On est ici parce qu’on est des constructeurs, des rêveurs, on croit à l’économie sociale et solidaire. Tous les mouvements des Indignés, c’est la même chose qu’ils veulent, c’est la remise en question du modèle économie traditionnel. Et nous, ce qu’on veut, c’est que le modèle d’économie sociale et solidaire soit le modèle majoritaire. », confirme Marie-Andrée Lespérance, participante de Montréal qui occupe également la place depuis le 15 octobre.

Une microsociété mobilisée

Carminda Mac Lorin dresse un portrait enthousiaste de la microsociété mise sur pied par les Indignés au pied de la tour de la Bourse. « C’est fou de voir toutes les initiatives qui naissent et qui se mettent en place. La cuisine est une initiative concrète, visible, mais il y en a beaucoup d’autres. Il faut travailler, apprendre à discuter, à écouter, à changer d’avis. C’est un milieu tellement dynamique, mais tellement démocratique aussi. L’occupation c’est pour moi le début de quelque chose de vraiment tangible. C’est une école. C’est merveilleux de voir l’énergie qui règne, l’ouverture généralisée. On est là pour faire quelque chose ensemble. Les gens se remercient, se regardent dans les yeux. »

Toutes deux ont amené leur enfant en bas âge. « il y a plein d’enfants, des activités pour eux, un coin famille en fait. On est toutes un peu du même avis que dormir là avec des enfants, c’est froid un peu. Il y a beaucoup plus de gens qui occupent que ceux qui dorment. Il y a beaucoup de gens qui y vont à tous les jours ou qui y vont quand ils peuvent, qui sont en train de mobiliser leur réseau. » L’assemblée est un moment privilégié pour soutenir le mouvement, tous les soirs de semaine à 18h ou à 15h la fin de semaine.

Détermination

Questionnées sur la détermination qui anime les occupants, Marie-Andrée Lespérance soutient qu’« il y en a qui sont très déterminés à rester là longtemps, à rester pour l’hiver s’il le faut, qui sont en train d’écrire un guide de survie pour l’hiver. » « Même moi qui ne dors pas là, complète Carminda Mac Lorin, je me sens très déterminée. Je ne lâcherai pas. J’attends ce moment depuis longtemps et je pense qu’il y a pas mal de gens dans mon cas qui sont aussi déterminés. Depuis le moment où j’ai entendu qu’il y aurait une occupation à Montréal, j’ai regardé sur Facebook et j’ai appelé les gens autour de moi et on a commencé à faire des trucs depuis le premier instant et on n’a pas arrêté une seule seconde. »