La vie rurale se porte mieux chez nos cousins français depuis le cri d’alarme lancé il y a vingt ans par 300 000 ruraux venus à Paris pour défendre leur mode de vie négligé par les politiques nationales des années 60, 70 et 80.
L’événement Dimanche des Terres de France, tenu en septembre 1991, avait permis de construire une passerelle entre urbains et ruraux. Les Parisiens avaient réservé un accueil chaleureux aux agriculteurs et résidents des campagnes présents pour faire connaître leur savoir-faire et leur désir de vivre en dehors des villes.

«L’événement avait été un succès et les politiques avaient compris notre importance, mentionne Michel Ledru, président de l’association Sol et civilisation. Même si les solutions s’implantent lentement, on voit maintenant de l’amélioration : les études démographiques démontrent que les baisses de population sont moindres, même que des territoires ruraux sont en croissance comme la Bretagne et la Normandie. Des fermes, des maisons délaissées ont été remises en état. On voit aussi des Anglais et des Hollandais venir s’installer».

De l’avis de M. Ledru, ancien producteur laitier et maire depuis 20 ans d’un village de 900 habitants, le monde rural s’avère un bon complément aux villes. La recherche d’un équilibre est essentiel, tout comme le soutien de l’État. «Pour conserver une qualité de vie dans nos milieux, il faudra aussi de l’activité économique», plaide-t-il.

Non à la spéculation des matières premières

Conférencier invité dans le cadre de l’événement Ruralia, Michel Ledru entend aussi discuter de la mondialisation qui touche les milieux ruraux de toute la planète. Son association déplore le modèle actuel, anarchique, soumis à la dictature des financiers. Les envolées du prix des matières premières suivies de chutes des prix n’en sont qu’un exemple. Celles-ci ont d’ailleurs entraîné d’importants drames dans plusieurs pays en développement.

Selon M. Ledru, le phénomène est aussi ressenti dans les campagnes des pays occidentaux, où les agriculteurs n’arrivent plus à résister à ce «yoyo» des prix. «En produisant à trop bon marché dans les pays de développement, on détruit leur agriculture. Il faut une liberté dans un cadre. S’il n’y a pas d’encadrement, il se passe n’importe quoi… Regardez la crise financière. La spéculation, c’est une catastrophe, notamment au niveau alimentaire», clame M. Ledru qui suggère l’instauration d’une politique mondiale agricole et une maîtrise des prix des matières premières.

France et Québec : même combat

M. Ledru salue l’initiative du maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir d’installer son village au centre-ville de Montréal. Selon lui, il est bon de tenir des événements de ce genre. «Les gens interprètent que nous sommes des nostalgiques, mais en fait nous sommes tournés vers l’avenir.»

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l'Avenir, a présenté L'Écho de L'Avenir à la presse. Photo: N.Falcimaigne

Paul-Albert Brousseau, garagiste et maire de Saint-Ailleurs-de-l’Avenir, a présenté L’Écho de L’Avenir à la presse.
Photo: N.Falcimaigne

Cet article fait partie du journal spécial L’Écho de L’Avenir, réalisé dans le cadre de l’événement Ruralia et publié dans Le Devoir du samedi 14 mai 2011, organisé par Solidarité rurale du Québec (SRQ). Si le journal est un hebdo fictif inventé pour le village fictif de Saint-Ailleurs, qui était le salon de la ruralité, les articles qu’il contient sont tous de bien réels articles de journalisme indépendant portant sur des nouvelles réelles et répondant aux standards élevés de la Coopérative de journalisme indépendant.