À l’occasion du Forum sur l’entrepreneuriat collectif en Abitibi-Témiscamingue, premier d’une série de forums régionaux prévus dans le cadre de l’Année internationale des coopératives (2012), le journal Ensemble, presse coopérative et indépendante, a publié une première édition régionale dont le dossier central porte sur quelques enjeux discutés lors de ce forum, le 1er novembre 2011. Voici le premier des trois articles de ce dossier.

Une multitude de caractéristiques et de variables doivent être prises en compte lors de l’établissement d’une ou de plusieurs coopératives, tout comme lors de la création d’une entreprise privée. Il incombe aux entrepreneurs de bien choisir leur marché et leur type d’entreprise avant de se lancer. Les entrepreneurs peuvent se tourner, après l’évaluation des différentes options, vers le domaine coopératif. Il est fondamental cependant de bien cerner ce qu’est la coopérative.

« Dans les dernières années, il y a eu un peu de confusion entre les coopératives, les entreprises d’économie sociale et l’action communautaire, soulève Louis Favreau, professeur et titulaire de la Chaire de recherche du Canada en développement des collectivités à l’Université du Québec en Outaouais. Il est important que chacune de ces identités soient respectées. Il existe une identité coopérative, une identité d’entreprise d’économie sociale, puis il y a les organisations communautaires. »

Selon M. Favreau, ces trois identités sont bien distinctes, mais s’intègrent toutes dans le même secteur que l’on appelle le tiers secteur. En effet, ces trois types d’association se placent en dehors du secteur privé, ainsi que du secteur public. Comme chaque entreprise possède sa propre utilité et sa propre identité, il devient pertinent d’avoir plusieurs entreprises du tiers secteur pour offrir une alternative au secteur public et privé. Une des principales distinctions que M. Favreau fait entre les trois types d’association du tiers secteur concerne les moyens de financement. Il mentionne que « dans le communautaire et l’économie sociale, le financement public est très fort, ce qui fait qu’ils sont en état de dépendance assez importante ».  Par conséquent, ces deux premières associations se trouvent plutôt restreintes au niveau des politiques publiques. Au contraire, la coopérative est financée par ses activités et ses membres. Elle dispose donc d’une plus grande latitude quant à ses décisions politiques.

L’identité coopérative est également très bien définie par l’Association coopérative internationale (ACI) et comporte des principes et des valeurs qui ne vont pas tous de pair avec les autres types d’entreprise.

Ces principes et valeurs sont sans aucun doute la raison principale pour laquelle les gens vont vers les coopératives. Nous pourrions croire que les valeurs coopératives perdent de leur popularité de nos jours où l’individualisme et le libéralisme sont en progression constante. Toutefois, Mario Tardif, directeur général de la Coopérative de développement régional de l’Abitibi-Témiscamingue (CDRAT), nous explique la survie des coopératives parce que « lorsqu’il y a des valeurs coopératives, les gens se reconnaissent et font le choix de magasiner à ces endroits ». Les gens qui choisissent les coopératives le font car ils adhèrent aux valeurs et désirent investir dans ce type d’entreprise.

Les coopératives se créent lorsqu’il y a un besoin à combler et, lorsqu’il y a des coopératives qui fonctionnent bien, cela crée un incitatif pour les futurs entrepreneurs à choisir cette option alternative à l’entreprise privée. Selon M. Tardif, « le mouvement des coopératives et des mutuelles pourrait jouer un rôle plus prononcé afin de créer un équilibre entre l’économie publique, l’économie privée et l’économie sociale, dans laquelle la coopérative se retrouve. La coopérative peut offrir le même service que le privé, mais avec des objectifs et des valeurs différents ».

Le rayonnement des coopératives, de plus en plus nombreuses en région, crée un engouement pour le domaine coopératif. La croissance économique et le développement de la région qui se vit ces dernières années contribuent à la création de besoins que les coopératives peuvent combler. Ce phénomène crée un cercle où les besoins engendrent les coopératives et où les coopératives participent à l’éducation des valeurs et des principes coopératifs pour que de plus en plus de gens se tournent vers cette option du tiers secteur.