Trois-Pistoles — Un autobus blanc a déposé les enfants au bout du chemin. Les voilà qui dandinent entre les trous d’eau et qui me font des grands signes de la main, au loin. Parfois, l’autobus va jusqu’à remonter la longue allée pour les déposer au pied des marches de la galerie, lorsqu’il fait moins beau. C’est l’autobus du Transport collectif des Basques (TCB). Un ingrédient essentiel à ma vie «avec pas d’char».

Trop longtemps, je vous ai laissés sans nouvelles après le premier épisode de ce défi… mais ce temps-là a permis de mûrir les meilleures solutions pour le relever. Bientôt, je crois bien que je pourrai tenir parole et faire sortir de ma cour ce rutilant véhicule à essence qui m’a tant et si bien servi. Est-il possible de prendre l’autobus de la ville en campagne? Je l’ai testé pour vous.

Dans la plupart des régions du Québec, vivote un service de transport collectif. Souvent relié au transport adapté, comme ici, ou aux taxis, selon les ententes et les besoins du milieu, le transport collectif tente de briser l’isolement des personnes qui n’ont pas d’automobile, dans nos vastes espaces ruraux.

Réinvestissement dans le transport collectif

Avant de perdre les élections, le ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire avait annoncé dans sa Stratégie de mobilité durable qu’il augmentait l’aide au transport collectif régional «pour la porter à 9,5 millions de dollars en 2014-2015 et à 40 millions pour l’ensemble de la période 2015-2020».

Ce jour-là – mémorable lundi 10 février – les enfants et moi avons pris notre carte du Transport collectif des Basques (TCB). Fierté et émotion.

Sur réservation

À mes amis du Mile-End, il a fallu que j’explique que non, il n’y a pas un autobus par 10 minutes qui passe dans mon rang. Il faut réserver un jour d’avance, et il n’est pas garanti qu’un transport soit disponible. La répartitrice tente d’organiser un transport sur demande, mais le service de transport adapté est prioritaire, et il faut avoir la chance de se trouver sur sa route.

En expliquant bien mon besoin à l’équipe créative du TCB, j’ai obtenu l’engagement d’un aller-retour par semaine entre ma maison et Trois-Pistoles, à 7 minutes de voiture, pour 5,50$. L’autobus transporte aussi les enfants au retour de l’école, parce qu’ils n’ont pas de transport scolaire l’après-midi (ils vont à l’école d’un village voisin, qui risquait de fermer, mais ça c’est une autre histoire…).

Vie urbaine

Une journée par semaine, j’adopte donc un mode de vie digne du Plateau: portable sous le bras, je prends l’autobus qui me dépose au «centre-ville», et je vais travailler au très branché café Grains de folie. Puis, je vais faire mon épicerie à la coop IGA, qui a accepté de livrer dans mon rang pour la modique somme de 10$.

Bien sûr, l’été, je fais tout ça en vélo, mais le TCB est essentiel le reste du temps, parce que le vélo d’hiver dans mon rang glacé, c’est un peu extrême.

Bon. Un transport par semaine, direz-vous, c’est tellement dix-neuvième siècle.

Même avec beaucoup d’organisation, de prévoyance et de patience, le TCB ne peut pas être ma seule solution, à moins de rester en transit plusieurs jours à Trois-Pistoles avant de prendre mon train, par exemple. Si pratique en cas d’urgence, le taxi reste hors de prix pour les besoins quotidiens.

Il faudra un système de covoiturage. Mais ça, c’est pour un prochain épisode…