Québec – Le 14 novembre dernier, Jean-Paul Marchand, ancien député de Québec-Est et coordonnateur de TrensQuébec, l’organisme à but non lucratif promoteur du projet de monorail, faisait état d’un soutien de «plus de 40 500 personnes de partout au Québec» qui ont voté sur le site internet. Ce projet de «Transport Rapide Électrique National Suspendu» (TRENS) est décrit dans un rapport détaillé, publié par l’Institut de recherche en économie contemporaine (IREC) en hiver 2011, pour en démontrer la faisabilité et la pertinence. Le journal Ensemble a consacré un dossier au projet en septembre 2011.

D’autres personnalités publiques ont commencé à s’associer au projet, notamment Claude Béland, ex-président du Mouvement Desjardins (1987-2000), qui souhaite que ce train emprunte la voie coopérative. À l’occasion du Sommet international des coopératives, Claude Béland et Jean-Paul Marchand ont accordé une entrevue vidéo au journal sur l’évolution du projet.

Coopérative à grande vitesse

Faire du projet une «Coopérative nationale de transport», c’était déjà l’objectif de Jean-Paul Marchand: «on est rendu à un point dans le monde où il faut développer des alternatives, s’exclame-t-il. Et voilà un exemple que nous, au Québec, on va pouvoir livrer au monde. On va démontrer qu’une grosse organisation comme ça, qui vend des transports partout dans le monde, c’est une coopérative. Ça va fortifier l’idée.»

À l’occasion du Sommet international des coopératives, Claude Béland et Jean-Paul Marchand ont accordé une entrevue vidéo au journal sur l’évolution du projet de monorail électrique à grande vitesse pour relier huit villes et régions du Québec.
Vidéo: Nicolas Falcimaigne et Pierre-Luc Laganière

Pour M. Béland, l’enjeu est surtout de s’assurer que le monorail reste sous le contrôle et la propriété des citoyens québécois. Il évoque le risque de répéter «ce qui s’est passé dans le pétrole, sur l’île d’Anticosti [où les droits pétroliers détenus par l’État sont passés au privé après que la prospection assumée par l’État ait confirmé le potentiel d’exploitation]: dès que ça sent l’argent, il y a des intérêts qui s’éveillent».

Des ministres favorables

Dans un récent message aux abonnés, M. Marchand rapportait avoir rencontré Investissement Québec au mois d’octobre pour préciser le montage financier, et affirmait bénéficier de l’appui de «plusieurs ministres favorables au TrensQuébec». Le nouveau ministre de l’Environnement, Daniel Breton, s’était déjà commis sur la question l’an dernier, alors qu’il était encore à la tête de Maîtres chez nous 21e siècle (MCN21): «plutôt que de gaspiller notre électricité à la vendre à perte aux Américains, disait-il, on est aussi bien de la mettre dans des monorails, dans des véhicules électriques, dans le transport collectif électrique».

Croisé après son intervention au Sommet international, son collègue des Transports Sylvain Gaudreault confirme cet «engagement très très clair pour l’indépendance énergétique du Québec». Sans toutefois appliquer précisément cet engagement au monorail, il affirme «qu’il faut envisager tous les modes de transport qui vont dans ce sens-là, qui vont soutenir l’indépendance énergétique du Québec, briser notre dépendance à l’égard du pétrole. Dans ce sens-là, le monorail s’inscrit dans cette logique-là.»

Questionné sur la pertinence de la formule coopérative pour un tel grand projet, le ministre Gaudreault confirme que «le modèle coopératif au Québec est tellement présent, tellement important, qu’il faut l’envisager sous l’angle de l’occupation du territoire. Le monorail va dans cet esprit-là aussi. Comme ministre des Transports, et ministre des Affaires municipales, des Régions et de l’Occupation du territoire, j’ai une ouverture pour entendre ça et l’inscrire dans une perspective d’indépendance énergétique.»

La prochaine étape du projet, devant mener à la constitution de la coopérative, ou même de coopératives régionales, à l’écriture d’un plan d’affaires et à la réalisation d’un banc d’essai, pourrait bien être la signature d’un engagement préconstitutif par les futurs membres, «engagement qui doit être conditionnel au fait que ce soit une coopérative», insiste Claude Béland.

Avec Yannick Patelli, du journal coopératif L’Oie Blanche