D’ici le printemps, une série d’événements auront mis en lumière la vitalité d’un mouvement visant à proposer des alternatives à l’économie de marché capitaliste.

« On essaie vraiment de démocratiser l’économie », explique Benjamin Prunty, l’un des organisateurs d’une série de Rencontres de l’économie participative, dont la seconde s’est tenue le 27 janvier à la Cinémathèque québécoise, et visait à paver la voie pour l’événement Transform/er Montréal qui doit avoir lieu en mars.

Signe que le milieu est tricoté serré, la rencontre du 27 janvier était organisée en collaboration avec l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant (UTILE). Or, le coordonnateur général d’UTILE, Laurent Levesque, est également président du Comité jeunesse du Chantier de l’économie sociale, qui organise le 11 février une journée pour plus d’impact social, en collaboration avec le Living lab en innovation ouverte du Cégep de Rivière-du-Loup.

Réorganiser l’économie

La conférence Transform/er Montréal doit rassembler des représentantes et des représentants d’entreprises démocratiques et collectives de tous les horizons. L’événement s’inscrit dans un mouvement en plein essor qui porte la ferme volonté de réorganiser et de démocratiser l’économie (« disrupt and democratize » en anglais). « Les deux vont de pair », lance Benjamin Prunty.

Il cite en exemple l’expérience de la Park Slope Food Coop, qui devrait faire l’objet d’une présentation dans le cadre de Transform/er Montréal. La coopérative fondée en 1973 à Brooklyn offre à ses quelque 15 500 membres un rabais de 20 à 40 % sur de la nourriture en échange de quelques heures de travail par mois.

Le lieu choisi pour la conférence du 19 et 20 mars, la John Molson School of Business de l’Université Concordia, est assez symbolique, note Benjamin Puntry. « On n’y offre pas vraiment de cours sur les coops », fait-il remarquer.

De fait, les cours sur l’entrepreunariat collectif restent plutôt marginaux dans les écoles de commerce. Le milieu se réjouit cependant de la création de la nouvelle école d’innovation sociale de l’Université Saint-Paul, à Ottawa. Le philosophe et auteur Jonathan Durand-Folco ainsi que le chercheur à l’Institut de recherche et d’information socio-économique (IRIS), Simon Tremblay-Pépin, sont deux des professeurs engagés récemment pour mettre sur pied le programme à l’Université Saint-Paul, qui viendra s’ajouter à la liste des formations universitaires plus ou moins axées sur l’économie sociale.

Des alternatives au capitalisme

La chercheuse et militante libertaire, Anna Kruzynski, professeure à l’École des affaires publiques et communautaires de l’Université Concordia et membre du Réseau de recherche sur les économies communales, est l’une de ces universitaires qui travaillent à renouveler les perspectives sur l’économie.

Invitée à titre de conférencière lors de la rencontre de l’économie participative du 27 janvier, elle a livré une présentation sur l’histoire de l’économie sociale dans laquelle elle cherchait à montrer que des communautés ont développé, depuis bien longtemps, des pratiques économiques alternatives, viables et durables.

Pour approfondir la question, le Collectif de recherche interdisciplinaire sur la contestation (CRIC) organise, les 9 et 10 avril, à l’Université Concordia, le colloque Sortir du capitalisme? Vers l’autodétermination économique des communautés.

Ce sera l’occasion de proposer « des outils pour réfléchir la transition vers une économie post-capitaliste », explique la professeure Kruzynski, qui est également membre du CRIC.

L’appel de candidatures pour des présentations au colloque est ouvert jusqu’au 15 février. Les inscriptions pour la journée de présentations publiques du 9 avril sont gratuites. L’événement rassemblera des spécialistes d’ici et d’ailleurs ainsi que des acteurs sociaux de partout au Québec, qui seront invités, le 10 avril, à participer à une journée de formation et de partage portant sur différents enjeux d’économie communale allant de la répartition des surplus à l’investissement à long terme.